Faut-il réformer les oraux des concours aux grandes écoles?

Faut-il améliorer les oraux des concours aux grandes écoles?

 L’affaire se déroule l’an dernier dans une classe d’un établissement prestigieux de la région parisienne. Comme tous les ans, les élèves passent les oraux des concours des grandes écoles. Leurs professeurs le savent c’est un moment difficile : un bon élève peut littéralement sécher sur un exercice pourtant simple, dire une énormité qui amènera une sanction immédiate. Mais en général, tout se passe bien, le lycée connaît rarement des échecs. Lors de la publication des résultats, consternation ! Plusieurs élèves obtiennent la même note à un des oraux de mathématiques : 4/20. Rapidement, un des élèves est contacté par le jury, il s’agit en fait d’une erreur de report de note et sa note est rétablie : 17/20. Les autres élèves protestent tant la note leur semble inconcevable au vu de leur prestation, mais rien n’y fait. Le lycée signale au jury que les notes sont assez improbables, mais cela ne change rien.

Ce n’est pas un cas exceptionnel : erreurs de report, interrogations hors-programme, notes injustifiées. Chaque année, les candidats sont nombreux à effectuer des réclamations qui ne conduisent, en règle générale, à aucun résultat concret. Le jury n’est le plus souvent composé que d’un seul interrogateur qui, comme tout un chacun, n’est pas infaillible. Aucun recours, aucune vérification n’est possible car il n'y a tout simplement aucune trace. Qu’il y ait des erreurs cela fait partie du risque des concours diront certains, Errare humanum est.

Ce point de vue défaitiste ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait pas des améliorations simples à apporter. Outre-Rhin, le système d’interrogation orale y est bien différent, à l’université de Mayence, par exemple...

Le jury est habituellement composé de deux personnes : l’interrogateur, en général un professeur d’Université, et le secrétaire, souvent plus jeune. Pendant l’interrogation, le secrétaire note chaque question posée par l’interrogateur ainsi que les réponses apportées par le candidat. Le travail de secrétaire est assez fatigant, en tout cas plus fatigant que celui d’interrogateur à mon avis: le secrétaire doit être attentif aussi bien aux questions qu'aux  réponses et cela sans intervenir directement, pour ne pas déranger l'épreuve. La séance terminée, l’interrogateur discute avec le secrétaire et donne son avis sur le candidat, ils se mettent ensuite d’accord sur une note, apposent la note, sa justification et leur signature sur le bordereau d’interrogation. Le candidat reçoit sa note et s’il le souhaite, peut avoir accès à son bordereau sur simple demande. De manière intrinsèque, le système ne permet pas les abus. Les réclamations sont rares voire inexistantes. 

 

Une évaluation orale est une épreuve difficile pas seulement pour l'élève mais aussi pour l'interrogateur. La subjectivité, la fatigue ou tout simplement le hasard peuvent y jouer un rôle important. Un contrôle sur le déroulé de l’interrogation, sur les questions posées est un droit minimal auquel tous devraient avoir droit. Les concours demandent de la part des candidats beaucoup d’investissement et de travail, nous devons donc tout mettre en œuvre pour limiter le risque d’erreur et améliorer notre système d'évaluation.